IS MAGIC MAGIC ?
« Trust none of what you hear
And less of what you see »
Avec Magic, Bruce Springsteen vient
peut-être de sortir son meilleur album depuis la reformation du E Street Band pour le Reunion tour en 1999.
Radio Nowhere était un bon single mais Bruce cachait bien son jeu derrière ce titre d'ouverture très
rock : il vient de sortir l'album que beaucoup de ses fans les plus ardents
n'attendaient plus. Il crée la surprise en sonnant plus pop que
jamais, après l'escapade avec le Sessions band. On se jurerait
revenus entre 1976 et 1979, à l'époque où il composait des perles
comme Iceman, Livin on the edge of the world (« Livin' in the
future » qui sonne Tenth Avenue matiné de So young and in
love).
Les morceaux semblent
meilleurs à mesure qu'on les écoute, ce qui contredit l'impression
de facilité qu'on pourrait faussement percevoir au premier abord
(You'll be comin'down, Your own worst ennemy...sont des bijoux qui
peuvent paraître d'abord un peu faciles).
Radio Nowhere: morceau
d'attaque très rock n'roll, simple et carré, idéal pour caler
l'auditeur dans son fauteuil.
You'll be comin'down:
titre à double tranchant, qui peut dérouter, qui sonne « Bruce
classique ».
Livin' in the future:
assez proche dans l'esprit et la construction d'un tenth avenue, avec
un Clarence retrouvé, impatient de l'entendre sur scène, paroles à
tomber « we're livin in the future and none of this has
happened yet »
Your own worst ennemy: un
pur bijou pop
Gipsy Biker: très rock,
dans l'esprit de Lucky town, paroles magnifiques encore une fois.
Girls in their summer
clothes: très léger, estival, avec des arrangements qui en font un
autre futur classique, il semble en avoir le potentiel, à se demander s'il n'a pas été écrit en
1979!
I'll work for your love: intro piano très typique du style de Roy Bittan, puis une explosion de guitares,
morceau assez banal selon moi, sans doute le plus faible de l'album..
Magic: un très bon
morceau, le grand frère de Paradise, Magic est (osons-le) magique
avec des paroles ironiques, presque sardoniques comme Springsteen ne
nous y avait pas habitués.
Last to die: très rock,
texte magnifique, d'ailleurs l'album sous des airs légers est
beaucoup plus engagé qu'il n'y paraît.
Long walk home: encore
une perle...peut-être le meilleur morceau de l'album.
Devil's Arcade: titre
émouvant qui vient clore l'enchaînement « Magic, Last to die,
long walk home, Devil's arcade ». M'a laissé sans voix, sur ce
coup là!
Terry's song : morceau
caché, bel hommage acoustique à Terry Mc Govern, on peut toutefois
se demander pourquoi il n'est pas mentionné dans la track list
(pourquoi pas en bonus plutôt que « caché »?).
En conclusion, je ne
crois pas avoir ressenti autant d'émotion à la découverte d'un
nouvel album du boss depuis... pffff...le coffret Tracks qui n'était d'ailleurs pas un vrai nouvel album mais une compil d'inédits.
La production de O'Brien
est à mon sens plus subtile qu'il n'y paraît, certes pas rugueuse,
très habillée, parfois peut-être un peu trop. Certains ont jugé cet album surproduit à sa
sortie, d'autres continuent à reprocher un côté artificiel, lisse.
C'est vrai que ça ne sonne pas E Street Band mais je trouve pour ma
part qu'il vieillit bien, nettement mieux que Working on a dream paru
15 mois plus tard et qui prend la poussière sur son étagère
depuis...