vendredi 29 juillet 2016

BRUCE SPRINGSTEEN AND THE E STREET BAND BERCY 11 Juillet 2016





Jamais je n'avais autant hésité à prendre des places pour un concert de Bruce Springsteen & the E Street Band. 

Jusqu'ici, depuis la première fois que je l'ai vu, en 2002, jamais je n'avais hésité une seconde en fait.

Mais voilà… Après un album de semi-inédits en demi-teinte, High Hopes, paru en 2014, pour la première fois depuis le Reunion Tour, Springsteen annonçait une tournée sans nouveau matériel à défendre, une tournée basée sur la célébration nostalgique de l'album the River, qui allait être joué en intégralité chaque soir sur la partie nord-américaine de la tournée (35 concerts). 
De quoi réjouir les fans de cette période mais aussi risquer de se laisser endormir dans la zone de confort que constitue la même set-list sur une tournée (album joué intégralement + best-of des autres périodes pour conclure). L'antithèse de ce qui faisait jusqu'ici le sel des concerts de Springsteen. Un performer capable de varier d'ambiance d'un concert à l'autre, et de renouveler la moitié des titres d'un soir à l'autre, mais qui savait maintenir l'ossature et l'identité propre à une tournée à chaque prestation, comme il l'a montré à maintes reprises.
Si on y ajoute l'inflation des prix qui touche « le chantre des oubliés de l'Amérique » comme n'importe quelle autre star de son calibre : la fosse est passée de 53 € en 2007 à 79 € en 2012 pour atteindre 90 € en 2016 ! Vive la maîtrise budgétaire... 
Et pour accéder à la catégorie « pit or » (devant la scène) qui jusqu'ici n'existait pas, c'est désormais 150 boules qu'il faut aligner. 

Bref, l'ambiance et les premiers retours des concerts américains ne se prêtaient guère à une nouvelle aventure en terre Springsteenienne…

Et puis, la passion et l'envie de se rendre compte par soi-même ont pris le pas sur les doutes et l'aspect financier.


11 juillet 2016, 16h50, arrivée à Bercy (désormais nommé Machin chose Arena). Direction la file d'attente pour la fosse qui s'étire déjà sur quelques centaines de mètres. Trois fouilles plus tard, nous voici dans la salle.
19h45 et des brouettes, Springsteen entre seul sur scène. Il salue et va directement s'assoir au piano pour entamer un « Incident on 57th Street » solo. La voix est là. Entrée en matière tout en finesse et en douceur.
Le E Street Band rejoint son boss. Puis c'est « reason to believe » dans sa version full band avec son riff bluesy façon « la grange ». Quelle montée encore sur ce titre. Suivent Badlands puis un inattendu « Into the Fire », référence aux attentats ? Plus que probable.

Ensuite on plonge une première fois dans la rivière pour la quitter sur « Death to my hometown », pas mon titre préféré, trop d'accents celtiques pour moi, suivi par un « Nebraska » à couper le souffle, seul à la guitare, sombre et intense.


« Me and her sir we went for a ride,
and ten innocent people died. »
« I can't say that I'm sorry for the things that we done
At least for a little while sir me and her we had us some fun »
« They declared me unfit to live 
said into that great void my soul'd be hurled
They wanted to know why I did what I did


Well sir I guess there's just a meanness in this world ».


Difficile, quand on sait à quel point Springsteen adapte ses setlists en fonction des lieux et des circonstances, de ne pas y voir un message.

Ensuite, viennent The River puis un magnifique Point Blank, pour moi le grand moment de la soirée. Quelle intervention de Little Steven à la Gretsch ! 
Puis un superbe "Tougher than the Rest", avec Patti Scialfa en duo.
Et puis « Drive all night » ET « Jungleland », on a été gâtés ce soir.
Ensuite Springsteen lance le sprint final avec Born to Run avant d'embrayer sur le festif « Ramrod », quand survient l'incident : coupure de son et lumière, Bercy a pété les plombs.
Les lumières de la salle se rallument avec une alarme incendie ou quelque chose comme ça, puis une voix très faible et difficilement audible qui invite à évacuer la salle au milieu du brouhaha.
Seules quelques personnes dont une dizaine devant moi pensent que c'est peut-être un attentat et s'éclipsent. Moi, je suis tellement dans le concert que rien ne peut m'inquiéter à ce moment précis.
Et le groupe continue de faire le show en faisant un tour de fosse avec le seul son des quelques retours qui restent sur scène et de la batterie de Max Weinberg. Finalement, après un petit flottement, Springsteen indique « 5 mn » au marqueur noir sur un carton emprunté au public.


Le show reprend dans une atmosphère assez incroyable, plus de lightshow, plus d'écrans mais un public déchaîné pendant 40 mn, avant que le groupe ne quitte la scène et que Springsteen reste seul sur scène pour un « Thunder Road » acoustique en guise d'au revoir.
SETLIST :

1. Incident On 57th Street (Solo Piano)
2. REASON TO BELIEVE (tour premiere)
3. Badlands
4. INTO THE FIRE (tour premiere)
5. The Ties That Bind
6. Sherry Darling
7. Jackson Cage
8. Two Hearts
9. Independence Day
10. Hungry Heart
11. Out In The Street
12. Crush On You
13. You Can Look (But You Better Not Touch)
14. Death To My Hometown
15. NEBRASKA (tour premiere)
16. The River
17. Point Blank
18. Cadillac Ranch
19. I'm A Rocker
20. Darlington County
21. Tougher Than The Rest
22. Drive All Night
23. Because The Night
24. The Rising
25. Land Of Hopes And Dreams

26. Jungleland
27. Born To Run
28. Ramrod
29. Dancing
30. 10th Avenue.
31. Shout
32. Bobby Jean
33. Thunder Road